UN FILM A DÉCOUVRIR ÉVENTUELLEMENT PAR LES NON- INITIÉS AU GENRE
Après avoir vu seulement l'affiche de TRUCK (et jeté un oeil sur le synopsis, sans le lire attentivement), je m'attendais plus à un métrage genre UNE VIRÉE EN ENFER par exemple, qu'à ce genre de film. Ce qui ne constitue pas un réel problème, puisque j'adore les thrillers qui plus est sud-coréens.
Verdict.
Selon moi,
TRUCK est au cinéma coréen ce que
PARANOÏAK est au cinéma hollywoodien : un bon p'tit thriller d'initiation au genre. Ou un divertissement honnête pour découvrir le genre, pour ado de 12-14ans.
Vous l'aurez compris, pour les amateurs du genre en revanche, c'est une autre histoire : disons que les situations et autres "retournements de situations" sont téléphonés, ce qui constitue le défaut majeur de
TRUCK. Le spectateur aficionados comprend toujours tout à l'avance, le réalisateur (pour l'occasion muni de ses énormes sabots) ne faisant assurément pas dans la finesse (la musique à fond ou disons plutôt les méga violoncelles - soit "angoissant" 30 secondes avant chaque action à suspens, ou "mélodramatique", lorsque le père parle de sa peite fille malade, suivi d'un gros plan sur la photo de la gamine etc etc etc les exemples sont nombreux).
En l'état, et pour toutes ces raisons,
TRUCK rappelle plus un
NEVER TO LOSE (quoi que ce dernier est peut-être encore bien plus insistant et lacrymal) que par exemple un
RUNNING WILD ou
MR SOCRATES (tous deux très divertissants) etc - la liste des thrillers (polars) coréens réussis est également longue.
En Bref :
TRUCK est un petit thriller honnête et plutôt bien troussé (les scènes d'action sont plutôt bien torchées, la photographie est agréable à l'oeil...), que je conseillerais plus aux non-habitués que véritablement aux amateurs du genre.
Sa route était jonchée de cadavres
"Truck" fait partie de cette nouvelle série de films réalisés à moindres budgets pour espérer limiter les dégâts en cas d'insuccès. En effet, après la surenchère du nombre de productions et de leurs budgets, la fameuse bulle du succès du cinéma coréen a finalement éclaté au pays du Matin Calme. En-dehors du fait, que la réduction des screen quotas (loi obligeant les salles de cinéma de passer un certain nombre de films coréen pendant un certain nombre de jours – de 140 on est repassé à 70) ait sérieusement nui à cette déferlante de succès, le trop-plein de films inondant le marché et surtout des budgets allant toujours croissants pour concurrencer les produits des autres studios ont finalement eu pour cause de dépasser tout seuil de rentabilité. En 2007, moins de 10 % des près de 100 films produits n'auront finalement été rentables…Sachant, qu'il n'existe pour ainsi dire aucun marché DVD, les voies alternatifs pour espérer engranger encore de l'argent se réduisent finalement aux seules ventes à l'étranger (minces) et les droits de la diffusion télé (pas de quoi rembourser les frais d'un film ciné).
Certains producteurs ont donc misé sur la production de films à moindres frais vers la fin 2008…et avec un certain bonheur ! Le film d'horreur "Death Bell" a ainsi largement rentabilisé son budget minima engagé, de même que le film d'action (produit par Kim Ki-duk) "Rough Cut", la comédie (produite par Park Chan-wok) "Crush & Blush", la fresque historique (érotique) "Portrait of a beauty"…
Même si "Truck" fait partie de ces budgets restreints, il ne peut malheureusement pas se targuer d'avoir connu pareil succès que les autres noms précités…Il est passé sous le radar du public (seulement près d'un demi-million d'admissions) et des acheteurs internationaux, disparaissant aussi vite des tablettes de diffusion, qu'il n'avait été annoncé. Pourtant son admirable teaser (filmé à la façon de "Cloverfield" avec des gens filmant un mystérieux camion, qui les prend en chasse façon "Duel") avait de quoi attiser la curiosité et son pitch (un homme, obligé de transporter des cadavres pour rembourser des dettes de jeu, est obligé de prendre un flic en stop, qui s'avère un dangereux psychopathe) promettait une bonne série B à l'ancienne.
Las, il faudra d'abord compter sur une bonne première demi-heure très proche dans l'esprit du niaisant "For Horovitz", le précédent film du réalisateur. On s'y attache donc au rôle principal, cette bonne vieille trogne de Yoo Hae-jin ("Hi Dharma 2"), écopant de son premier rôle principal, qui joue le père veuf élevant seul sa petite fille toute mignonne et admirable, qui est sur le point de mourir pour un souffle au cœur. C'est gnagnan, ça traine en longueur et – surtout – l'aspect un peu craspec donné au film ne colle pas à l'ambiance sirupeuse.
On enchaîne finalement par la fameuse partie de poker au cours de laquelle le personnage va tout perdre et même être obligé de se débarrasser d'encombrants cadavres. Pourquoi traverser la moitié de la Corée pour ce faire…mystère et boule de gomme, si ce n'est que d'étoffer le scénario avec LE rebondissement du film, arrivant finalement à près d'une heure du film (de 90 minutes, un véritable tour de force pour un film coréen, qui dure en moyenne 2 heures) et ne laissant finalement qu'une petite demi-heure de l'action tant attendue.
Cette dernière demi-heure passe d'ailleurs très rapidement avec quelques scènes attendues et – surtout – l'ultime affrontement d'une violence typique des films coréens, au cours de laquelle les deux protagonistes principaux s'amochent des pires façons possibles et survivent à d'incroyables coups de vis, couteaux, arrachage des yeux et autres balles plombant leurs corps. Et règle n° 1 de tout film d'action de série B, qui se respecte: un méchant se relève TOUJOURS après avoir été pris pour mort (une règle que je n'oublierai JAMAIS depuis la soudaine "résurrection" du méchant grémlins dans le premier volet du film de même nom).
Sauf qu'entre deux, il y a encore DEUX histories parallèles totalement inutiles, qui viennent se greffer par-dessus et impliquant des personnages féminins. Du coup, après une première partie bien trop longuette, le dénouement semble trop condensé pour totalement convaincre.
De plus, Kwon est incapable d'instaurer une quelconque atmosphère requise: trop poisseuse dans une première partie lacrymale, il ne sait instaurer ni notion de danger, ni notion de suspense au cours de sa seconde jusqu'à ne pas très bien savoir filmer le combat final.
Bref, un sujet qui avait tout pour donner un bon petit polar noir dans la plus pure tradition des films de genre et que le réalisateur fout totalement en l'air avec son incapacité à filmer. De quoi réévaluer les qualités évidentes d'un "Chaser" (par exemple).
