Très bonne surprise en effet que ce film à effets spéciaux. Tout commence par une scène d'action tres rythmée, avec des effets bien réussis, quelques accélérations d'images histoire de montrer le caractère exceptionnel des personnages, et une fin tragique mais pas excessive ; Ekin nous sort un "c'était ma copine, elle est morte, c'est triste mais passons à autre chose", ce qui nous évite une scène larmoyante et inutile, et nous fait directement passer sur la trame principale : Ekin fait équipe avec une nouvelle fille pour chercher un vampire qui tente de mettre la main sur le dernier prince (vampire) et ainsi obtenir un pouvoir absolu. Ce n'est donc pas bien original, mais c'est pas non plus la peine de faire chauffer les neurones pour un divertissement. Car d'ailleurs, côté divertissement, ca divertit ; certes les scènes d'action ne sont ensuite pas très nombreuses, assez espacées dans le temps, donnant au film un rythme peu rapide, mais on ne sombre pas dans l'ennui grâce à des scènes vraiment amusantes et bienvenue.
Côté action, il est évident que les twins n'apparaissent pas spécialement convaincantes dans les tours de force. Le combat qu'elles font entre elles est plutôt sympa, marrant, mais dès qu'elles combattent les vampires ca devient presque surnaturel ; par ailleurs Gillian Cheung assure vraiment dans le tout dernier combat (qui lui est complètement surnaturel pour le coup) et donne vraiment de beaux effets à la scène. Mais les meilleures scènes d'action sont assurées par Ekin Cheung qui déchire vraiment sur l'action, avec ses gros bras et son air assez cool. Petite mention également pour Jackie Chan présent quelques minutes pour une scène d'action/humour comme il en a l'habitude.
A côté de ça, je trouve que les effets spéciaux sont respectables, l'ambiance pop/rock plutôt sympa et le tout vraiment agréable à suivre ; un très bon divertissement, rien de gâché.
Il n'y a guère qu'à Hong Kong qu'on trouve des mélanges de genres aussi improbables. Certes, des grands comme Tsui Hark ou John Woo ont réussi l'impossible, à savoir faire des chefs d'oeuvre de mélanges de genres. Mais il est évident qu'il faut un sacré talent pour réussir ce genre de prouesse. Twins Effect ne le réussit pas vraiment, les changements de ton ne sont pas toujours très réussis. Mais au moins le film assume ses romances mielleuses, ses gags bien niais et le sérieux des scènes d'action. C'est souvent proche du ridicule, mais on dirait que l'équipe du film s'en moque un peu et livre un objet assez bizarre loin d'être déplaisant à voir.
Alors évidemment, qu'en est-il des scènes d'action? Il suffit d'associer le nom de Donnie Yen à un projet pour que les fans de baston se mettent à fantasmer comme des fous. Oui, mais, regardons la feuille de match. Anthony Wong, grand kicker. Ekin Cheng, le roi du Wing Chun. Charlene et Gillian, les remplaçantes de Michelle Yeoh et Cynthia Khan. Edison Chen, la puissance de Bruce Lee. Des caméos de Chatman To, Cheung Tat-Ming, Karen Mok. Mais dites moi, c'est un dream team du kung-fu ça! Soyons sérieux, il était évidemment qu'avec des acteurs comme ça, jamais le film ne serait un Ghost Kung-fu Comedy à l'ancienne. Il n'y a pas de Sammo Hung, Chung Fat, Lam Ching-Ying, Chin Siu-Ho ici. Le film s'inscrit dans un autre registre. Mais tout de même, la patte Donnie Yen est clairement reconnaissable, et vu le niveau des acteurs, les scènes d'action sont tout de même fort sympathiques. Non pas grâce aux qualités physiques limitées de cette équipe, mais plutôt aux chorégraphies très plaisantes de Donnie Yen, suffisamment variées et innovatrices pour ne pas ressembler trop ni à Blade 2 (grosse source d'inspiration du film), ni aux Ghost kung-fu comedy d'antan. L'action se situe au milieu, avec un bon usage des clés et projections.
D'un autre côté, Dante Lam est obligé de trop découper les plans pour faire avec son casting. De plus, le montage n'est pas vraiment un modèle du genre, la première scène utilise notamment très mal la musique, ce qui la gâche un peu. Les choses s'arrangent ensuite, mais ça ne sera jamais un modèle du genre. C'est un petit peu le même problème pour le film plus généralement, le rythme n'est pas son point fort. Avec son scénario alambiqué mélangeant tout et n'importe quoi, il était effectivement difficile d'en tirer un chef d'oeuvre de suspense. Mais tout de même, il y a une faille à ce niveau. Le milieu du film est assez mou du genou, et surtout sans enjeu. On cherche un peu à comprendre l'utilité de la scène du mariage, sauf pour faire plein de caméos rigolos.
L'autre gros point discutable reste bien évidemment la partie comédie romantique pour ado, qui en dégoûtera plus d'un. Mais c'est évidemment de bonne guerre vu le casting et la nécessité de plaire au jeune public. Et le fait d'intégrer ce genre d'histoire dans un récit tout à fait sérieux donne lieu à quelques moments à la limite du bis qui ont au moins le mérite de surprendre. Des dialogues comme "Oui mais je suis un vampire!" "J'ai des chiens à la maison, donc pourquoi pas un vampire?", moi j'en redemande. Le film est parsemé de petits dialogues assez hilarants, au risque de casser les effets plus dramatiques, mais évitant aussi de se prendre trop au sérieux (Gilian qui casse toutes les vitres et perd son bonnet, Charlene qui lance sa botte...). Sans parler du combat pour un nounours, pierre angulaire du film sans laquelle il ne saurait exister...
Quant au casting, les Twins ne surprennent pas vraiment, elles se débrouillent plutôt bien sans faire de miracles, avec une préférence évidente pour Gillian qui devrait faire une bien belle actrice dans quelques années. Edison Chen fait ce qu'il sait faire, càd montrer sa belle gueule, Ekin ne fait pas de miracles mais s'amuse de son rôle, Josie Ho nous fait regretter sa trop courte présence, Anthony Wong délivre deux trois passages sympathiques mais on le sent là pour le chèque, et Jackie Chan vient faire du Jackie Chan. Aucune grande performance bien sûr, mais qui en attendait une?
On notera aussi le bon niveau technique de l'ensemble, avec des effets spéciaux très réussis, et une réalisation tout de même efficace de Dante Lam. La musique est par contre inégale, et le scénario très banal si on s'en tient à l'histoire principale. Mais dans l'ensemble, le film est ce qu'on pouvait attendre du casting et de l'équipe: un blockbuster mélangeant pop culture HK pour ado avec de l'actioner vampirique. C'est évidemment loin d'être parfait, c'est même souvent carrément débile, on peut vraiment se demander comment quelqu'un a-t-il pu écrire un scénario pareil, mais à l'arrivée, le quota de divertissement est atteint.
Quoi qu'en disent certains détracteurs du film, le problème de the Twins Effect ne se situe pas dans les capacités martiales limitées ou usées de ses acteurs. Après tout, le cinéma de Hong Kong s'en est par moments accomodé, utilisant meme cet aspect pour apporter de l'inventivité de mise en scène (cf Ching Siu Tung). Et tant qu'on en est à parler d'un film chorégraphié par Donnie Yen, le film de Dante Lam lorgne bien entendu énormément vers Blade 2: effets numériques quasi identiques lorsqu'un vampire se fait décapiter, looks voisins des suceurs de sang hors "casting all stars" et ambiance mi-gothique mi-futuriste des décors. Sauf que pour ce qui est de bien monter un combat Dante Lam est moins convaincant qu'un Del Toro: Del Toro monte vite mais juste assez pour ne pas nuire à la visibilité, Lam surdécoupe trop souvent. Qui plus est, Dante Lam fait trop souvent usage d'accélérations clippeuses quand il ne cadre pas certaines scènes caméra penchée de façon gratuite. Les idées chorégraphiques de Donnie Yen sont certes sympathiques (notamment dans la scène de course-poursuite ambulance/vampires à moto, le moment du film qui remplit le mieux son contrat de divertissement) mais gachées par les choix de mise en scène et de montage.
Sauf que s'il n'y avait que ça... Le film manque moins de vrais artistes martiaux, que d'acteurs dignes de ce nom: Anthony Wong est excellent et égal à Anthony Wong, Jackie Chan fait du Jackie lors d'un petit caméo, Karen Mok joue bien pour sa courte apparition mais Edison Chen est incolore et inodore, Ekin Cheng fait du Ekin Cheng c'est à dire quelque chose d'imbuvable sans réalisateur capables de lui offrir des roles seyant à ses limites en tant qu'acteur (Tsui Hark, Johnnie To). Et les Twins... On dira que je suis méchant, que ce genre de pop stars ados peuple aussi de grands films japonais contemporains mais Dante Lam n'est pas Fukasaku et le scénario n'est pas non plus celui de Battle Royale. Que les Twins ne sachent pas se battre je passe assez volontiers là dessus mais elles ne savent meme pas crier correctement lors d'une scène de combat. Dans les passages comédie romantique, leur jeu coule des scènes qui tanguaient déjà de par la niaiserie de leurs dialogues et un score pastichant mal celui de James Horner pour Titanic. C'est gnangnan et plus proche d'un mauvais teenage movie que de Sofia Coppola. Et mon Dieu, tant qu'on en est à parler du score, il pastiche mal Danny Elfman en plus de mal pasticher James Horner. Twins Effect n'a meme pas le mérite d'etre efficace au niveau comique -les gags tombent à plat pour la plupart-.
Le revival réussi du gyonshi était plutot à chercher en 2003 du coté d'un Tsui Hark en petite forme mais tenant facilement la dragée haute à ça. On se demande finalement où est passé le réalisateur inspiré de Jiang Hu the Triad Zone voire le faiseur correct de Hit Team. Au cimetière des espoirs déçus de l'après-97 probablement...
Pour apprécier à sa juste valeur cette comédie fantastique signée Dante Lam, rappelons-nous que les Twins ne sont pas des actrices –ni des chanteuses non plus- mais bel et bien des starlettes au sourire émaille diamant, qui représentent comme beaucoup de filles de leur âge la face jeune et moderne d’un Hongkong qui se voudrait être le prisme de nouveaux talents que l’on met au premier plan un certain temps, avant de passer par la case poubelle une fois le produit mâché, prémâché et logiquement usé. A l’époque du tournage de The Twins Effect, les Twins, donc, étaient le duo tendance à Hongkong en dépit de leur manque de talent. Mais c’est tellement bien d’être solidaires, on est tellement plus fortes à deux. Pour sûr, cette complicité a quelque chose de mignon, d’un peu naïf même, comme si l’on pouvait tout leur pardonner à ces deux frimousses devenues artistes sans qu’elles aient un mot à dire.
Artistes, oui, pourquoi pas. J’en vois déjà plusieurs crisser des dents. Populaires sur le continent asiatique en tant que « groupe », jusqu’à parler de Twins’ effect. Ceci dit, la Charlène Choi avait déjà un petit bagage ciné pas des plus vilains, auquel ce The Twins Effect vient s’ajouter pour le plus grand plaisir des fans, s’il y en a encore. On connait les dégâts de l’affaire Edison Chen, ce qui est d’autant plus drôle puisque le jeune homme leur donne ici la réplique avec son absence habituelle de charisme. Si les Twins sont parfois exaspérantes, force est de constater qu’Edison Chen n’a absolument rien pour lui dans la peau de ce vampire au grand cœur qui fera chavirer celui de la petite Charlene Choi, donnant ainsi à cette fiction une saveur toute particulière quand on connait l’affaire des photos de 2008. Mais on s’habitue finalement à l’absence de talent des éléments les plus mis en avant, à part que dans l’ombre se cache un grand, génial dans la peau d’un bras droit impeccable sur lui et d’un calme absolu : Anthony Wong. Certaines de ses répliques, géniales (« selon un livre ancien, on raconte que ce vampire s’est badigeonné de crème solaire et a pu se mettre à la lumière du soleil et même nager », « à cette heure-là le soleil tape fort, il nous tuera », « très bien seigneur, je sucerai son sang, le mettrai dans une carafe et le servirai dans un verre »), sont hilarantes. La séquence au restaurant, en début de métrage, est l’une des plus drôles du film : Anthony Wong et Edison Chen boivent du sang millésimé tandis que Charlene Choi pourrit la vie de son ex’. C’est d’ailleurs de là que naitra l’amitié puis l’amour entre le vampire qui « boit du sang sans tuer » et la sœur d’un des chasseurs de vampires, celle qui se demande pourquoi Edison Chen vit dans une église, « tu es chrétien, genre croyant ? ».
The Twins Effect est donc drôle, lorsqu’il n’est pas juste terriblement navrant. Passé l’introduction à dégobiller, aujourd’hui, tout ou presque est dépassé : les effets spéciaux sont ridicules, le montage bousille toutes les scènes d’action chorégraphiées par Donnie Yen, la mise en scène est anonyme du début à la fin, les vampires gweilos ressemblent à des fans de Gothic Metal déçus du dernier album de Paradise Lost, la musique est atroce et certains gags frisent le ridicule. La séquence du mariage, malgré le caméo d’un Jackie Chan nerveux, est complètement bouffée par une Karen Mok à qui l’on aimerait flanquer trois baffes. Heureusement, Edison Chen s’improvise Michael Jackson jusqu’à entonner un « Billy Jean » faisant fi de passer inaperçu, mais que l’on aura tous noté. Il faut le voir pour le croire. Pas perdre son temps devant les « exploits martiaux » des Twins ou devant l’affreuse romance qui semble prendre une place démesurée sur l’intrigue, préférant reléguer le personnage d’Anthony Wong au placard ou, plus grave encore, la chasse des vilains vampires. S’en suit alors une série de poncifs et de remarques un peu acides, comme lorsque Charlene Choi reproche à son donjuan de penser qu’elle n’est qu’une effrontée, « mais toutes les filles d’Hongkong sont comme ça ! », ou d’allusions un peu douteuses à un moment où cette dernière veut lui sucer son sang, et lui, expert en la matière, de rétorquer par un « on ne suce pas comme ça ». Plus une course poursuite en voiture ridiculisant les deux gweilos de service, un Jackie Chan vieillissant en totale roue libre (fichus câbles), un combat fun mais interminable, The Twins Effect est un film qui sait jouer de son caractère trognon et à côté de la plaque pour masquer sa nullité intrinsèque, à des années lumières des films qu’il tente de pasticher. Plus que tout, on est en face d’un machin maladroit comme jamais, mis en scène par un Dante Lam quelque peu haïssable au vu de la prestation générale, joué avec les pieds et qui n’a comme objectif que de promouvoir s’il le fallait encore la carrière des deux poupées. Et sur ce coup autant dire que le pari est réussi, bien qu'il est difficile de l'admettre...
ndr : film vu en VF.