Dégâts sur eau
Nouveau dommage collatéral de ce que peut donner l'actuelle tendance des co-productions avec la Chine. De jeunes réalisateurs sans aucun talent déboulent d'on ne sait pas trop d'où, sans doute soutenus par quelques instances en place et jettent la poudre aux yeux de quelques financiers pour encaisser de juteux soutiens d'argent. Le propos importe peu finalement et la qualité des films en pâtit lourdement.
Après le désastreux "Legend of the dragon" (version 2005), voici donc venir "Wondrous Bet", plaçant Eric Tsang tout en haut de l'affiche avec une rare moumoute concurrençant de ridicule ses sourcils dans "Ah Sou" (aka "Mob Sister"). Seules explications quant de sa présence à l'affiche : pouvoir donner la replique à Loletta Lee ou de jouir d'un magnifique trip en croisière (sans doute tous frais payés poru sa famille); rationnellement, il n'y a aucune autre explication possible quant à sa participation à ce naufrage (façon de parler; si SEULEMENT le bateau avait coulé pour engloutir le vide scenaristique dans des profondeurs abyssales).
Les trois histories ne présentent absolument AUCUN intérêt. Contes moralisateurs sur trois des sept prêchés capitaux, ils se concluent en une petite morale absolument démagogique du genre : "il n'est pas bien de convoiter le bien d'autrui sous peine d'être puni par quelque divinité suprême et de faire une crise cardiaque") - ooops, j'ai résumé une des trois histoires en deux lignes, vous épargnant du coup 40 minutes de film. Comment tenir une telle durée ?!! Subissez vous-mêmes ce fiasco dans tous les sens du terme pour vous mobiliser et interdire toute autre réalisation de l'équipe responsable du présent méfait ("Tony Leung", qui se paye le luxe d'enchaîner les navets à un rythme effrené après ses précédents "PTU - Death Trap File" et "Demoniac Flash" tous sortis en 2005 !!).
Un navet - comme rarement il aurait été permis d'en voir ailleurs...que dans la cuvée HK 2005 !!!
(Et pourtant la présence au générique des membres du groupe EO2 aurait dû mettre la puce à l'oreille, tant il se sont déjà fourvoyés dans d'authentiques nanars par le passé !)
Trois névrosés et un ange sont sur un bateau... Nous, on emprunterait plutôt le canot de sauvetage...
Ah lala... le beau ratage que voila ! Et pourtant l'affaire laissait imaginer la potentialité d'un film intéressant : l'histoire croisée de 3 personnes de situations différentes confrontées aux contradictions de leurs travers et bénéficiant de la douce présence d'un ange pour les accompagner sur le chemin de la rédemption, le tout fédéré par le thème du jeu. Le traitement proposé lui-même, partant du principe de vision multi-personnages utilisé par Quentin Tarantino dans son excellent "Jackie Brown" et se complétant par la vision imaginaire des délires de ses protagonistes pomettait également des scènes psychologiques d'une belle intensité. Seulement voila, un tel cahier des charges aurait nécessité un peu plus de finesse de traitement, beaucoup plus d'écriture et surtout pas la présence pénalisante d'un élément moralisateur semblant devenu obligatoire (et vive la "grande Chine" !). Car en tout état de cause, le propos n'était pas tant là de faire du cinéma que de propager la bonne parole moralisatrice d'une Chine qui va de l'avant en voulant masquer ses complexes, son inertie et ses ratages. Certes, le tout est assez bien emballé, montrant même parfois des idées qui auraient pu paraître audacieuses si elles avaient été suivies et affichant grand son indispensable caution "cinéma HK des années 2000 qui assure grâve sérieux" en la personne de l'impeccable Eric Tsang. Peut-être le film aurait-il au moins gagné en consistance si il ne s'était contenté que de deux histoires, laissant de coté la petite pseudo-romance censée illustrer la jalousie semblant sur-ajoutée pour se focaliser sur une confrontation plus audacieuse entre les deux vrais personnages principaux et leurs délires complémentaires autour de la puissance de l'argent. Mais le déséquilibre globale de ces historiettes au traitement redondant et principalement l'arrière goût de propagande morale laissée par l'ensemble achèvera à coup sûr l'éventuelle indulgence première et la bonne volonté du spectateur occidental souhaitant mieux qu'un téléfilm de service public chinois populeux de milieu de gamme.