S'il eut durant les années 70 un défenseur ardent en la personne de Paul Schrader, Kato Tai fut trop souvent considéré comme un "simple" cinéaste de genre par la critique au Japon et à l'étranger. Peut être parce qu'il fut de ceux qui magnifièrent les codes du yakuza eiga à une époque où d'autres (Fukasaku, Suzuki) cherchaient à subvertir ses conventions. A l'heure où d'autres maîtres du genre se sont vus réhabiliter, son cas mériterait d'être réexaminé.
Kato Tai naît le 24 août 1916 à Kobe. Son père était importateur et sa mère était la soeur du cinéaste Yamanaka Sadao. Kato Tai fut envoyé chez ses grands-parents à 5 ans suite à la faillite des affaires de son père. Kato Tai s'intérèsse très vite au cinéma. A l'invitation de son oncle Yamanaka il part à Tokyo et devient assistant-réalisateur à la Toho. En 1939, il travaille notamment pour Naruse sur The Whole Family Works. En 1941, il intègre une compagnie spécialisée dans le documentaire: Les Films de la Recherche Scientifique. En 1944, il intègre une autre compagnie de documentaires: la Coopérative du cinéma de Mandchourie.
Il regagnera le Japon en 1946. Il rejoint la DAIEI, y travaillant notamment sur Rashomon (1950). Mais son activisme syndical le fait cataloguer comme "rouge" et contribue à son licenciement. En 1951, il débute comme réalisateur avec Trouble wth swords and women, coproduction de Shin Toho et Takara Pro. 5 ans plus tard, il rejoint la TOEI et y réalise son premier film pour la compagnie Ronin in Love (1957). C'est là qu'il impose un surcroît de réalisme au drame en costumes contre la volonté des executives du studio, rencontrant alors le succès public.
En 1965, il suit le désir du studio de se tourner vers le ninkyo eiga avec Blood of Revenge réunissant Fuji Junko et Tsuruta Koji. En 1966, il réalise History of a Man's Face, premier d'une série de 3 films sur les gangs d'après-guerre avec Ando Noboru. En 1969, il réalise le troisième Red Peony Gambler et signera d'ailleurs 3 des 8 volets de la saga. Après le retrait des écrans de Fuji en 1972, il réalise un dernier film pour la TOEI Woman Gambler of Showa (1972). Il quitte ensuite la compagnie pour la shochiku pour laquelle il réalise Theater of Life (1972), The Blossom and the Sword (1973) et Miyamoto Musashi (1973). Suite à la désaffection du public pour les films de gangsters et les drames en costumes à partir du milieu des seventies, il tournera moins. Il meurt le 17 juin 1985 à 68 ans.
Source: The Yakuza Movie Book
Ordell Robbie